Contexte du projet

Aller plus loin

Contexte socio-économique des pêcheries concernées par le projet

Le golfe de Gascogne (divisions CIEM 8abd) est un système productif avec de nombreuses espèces d’intérêt commercial élevé partageant la même zone pour tout ou partie de leur cycle de vie. Elles sont la base de l’activité de pêcheries multi-spécifiques et sources d’interactions techniques (Drouineau et al 2006, Prellezo et al 2016). En ce sens, le golfe de Gascogne constitue une région à fort enjeu pour la mise en oeuvre de la Politique Commune des Pêches et des Directives environnementales de l’Union européenne dans le cadre des plans de gestion à long terme.

Pour les producteurs, disposer d’un plan de gestion doit être un gage de sécurité qui améliore les conditions d’investissement en assurant une meilleure visibilité des possibilités de pêche. Cependant, si le plan de gestion proposé par la Commission européenne pour les eaux occidentales (COM 2018) apporte certaines souplesses par l’utilisation de fourchettes de mortalité par pêche (F) autour du rendement maximal durable (FRMD), il ne permet pas de répondre à tous les enjeux du développement durable des activités. La notion d’espèces cibles et accessoires, qui permettront de préciser ces fourchettes de mortalité par pêche, doit par exemple être affinée. En effet pour la plupart des stocks du golfe de Gascogne cette notion varie en fonction des pêcheries considérées. Enfin l’obligation au débarquement des espèces sous-quota peut entrainer un blocage de certaines flottilles capturant accessoirement ces espèces cibles pour d’autres. Au-delà, les professionnels sont en attente de règles d’exploitation mieux adaptées pour sécuriser leurs modèles socio-économiques d’exploitation (CCSud 2016).

Si l’examen législatif de la proposition de règlement fixant le plan de gestion pour les eaux occidentales devrait aboutir dans les douze prochains mois, le projet MACCO doit permettre de préparer sa mise en oeuvre effective en conciliant l’ensemble des problématiques de la gestion des pêches dans une approche écosystémique. L’objectif est de pouvoir disposer d’un outil capable de simuler des scénarios de gestion, dans une approche plus intégrée entre la disponibilité/qualité des données, l’expertise scientifique et les réalités socio-économiques des entreprises.

Contexte scientifique et état de l’art

Le plan de gestion des eaux occidentales est principalement guidé par la gestion des espèces cibles au travers de règles de fixation des niveaux de TAC prenant en compte les fourchettes de FRMD (Rindorf et al 2017). La possibilité de gérer indirectement les espèces accessoires par l’intermédiaire de l’encadrement opéré sur les espèces ciblées est un enjeu de gestion des prochaines années pour garantir le bon état écologique des écosystèmes marins (Ulrich et al 2016, Garcia et al 2017b). Comme c’est le cas pour le plan de gestion en vigueur en Mer Baltique et en voie d’acceptation en Mer du Nord, les valeurs de mortalité par pêche (F) par espèces pourraient être fixées par groupe d’espèces capturées mêlant des espèces cibles et accessoires (COM 2016).

La définition du statut des espèces est donc cruciale. Elle passe par l’utilisation de méthodes statistiques rigoureuses suffisamment génériques pour se transposer d’une pêcherie à une autre à l’échelle de la façade maritime. Certaines méthodes ont déjà été développées pour définir les espèces cibles et les métiers au sein d’une pêcherie (Deporte et al 2012, Davie and Lordan 2011, Pelletier and Ferraris 2000). Si les observations de captures sont relativement exhaustives pour les espèces cibles, elles sont par contre plus limitées pour certaines espèces accessoires qui, par leur faible intérêt économique, sont souvent rejetées et donc mal observées (Cornou et al 2017). Les méthodes pertinentes pour les espèces cibles deviennent dès lors inadaptées pour la définition des espèces accessoires. Un enjeu important est par conséquent de développer des méthodes pour identifier et suivre dans le temps les espèces accessoires à partir des données disponibles puis, de les valider via la connaissance terrain détenue par les professionnels.

Concevoir et anticiper les conséquences de scénarios de gestion sur les flottilles et l’ensemble des espèces des pêcheries mixtes des eaux occidentales est indispensable pour une mise en place efficiente des plans de gestion (Garcia et al 2017a). La modélisation permet de décrire le fonctionnement d’un système et de simuler des changements pour comprendre et quantifier les conséquences induites par ces changements. Peu de modèles existent pour appréhender des pêcheries mixtes et simuler conjointement des dynamiques biologiques et d’exploitation (Nielsen et al. 2018, Pelletier et al. 2009, Mahévas et al. 2004). Pour le golfe de Gascogne un modèle ISIS-Fish (isis-fish.org) a été développé pour les pêcheries françaises et espagnoles incluant le merlu, la langoustine et la sole (Provot et al In Press, Drouineau et al 2006). Ce modèle de simulation décrit la dynamique mensuelle et spatiale des captures par flottille et par métier. Il permet ainsi de simuler la dynamique d’atteinte des TAC à l’échelle du mois, et de comprendre comment certaines espèces deviennent bloquantes pour certaines flottilles. La dimension spatialement explicite de cet outil est particulièrement adaptée pour simuler des mesures de protection de zones fonctionnelles. Pour évaluer l’importance des phénomènes de blocage à venir à l’échelle du golfe de Gascogne, il est nécessaire de compléter le modèle en y incluant les espèces accessoires capturées conjointement avec les 3 espèces cibles principales (merlu, langoustine et sole).

Contexte international

Le programme de développement durable à l’horizon 2030 (Agenda 2030) convenu par les états membres des Nations Unies fixe l‘objectif de protéger et assurer une utilisation durable des Océans (ODD14).

Dans le dernier rapport de la Plateforme Intergouvernementale Science-politique de la biodiversité et des services écosystémiques (IPBES), la pêche est identifiée un des facteurs ayant l’incidence relative a plus importante dans les écosystèmes marins et la gestion écosystémique des ressources halieutiques est pointée comme une approche adaptée pour atteindre ODD14.  Même si la mise en œuvre de la Politique Commune des Pêches commence a porté ses fruits , beaucoup de stocks restent encore non évalués ne permettant pas d’apprécier l’état global des écosystèmes marins. Le rapport Evaluation Française des écosystèmes et des services écosystémiques-Mer rapporte que dans le golfe de Gascogne, 3 stocks sont en Bon Etat Ecologique, 7 ne le sont pas et que 46 sont sans évaluation. Il est donc urgent d’apporter de la connaissance pour compléter ces diagnostics à l’échelle de l’écosystème et d’identifier des mesures de gestion pertinentes en vue de son utilisation durable.

2022-04-05T14:30:25+02:00
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